Comme nous avons pu le constater dans les chapitres précédents, la lutte contre le décrochage scolaire se joue d’abord en classe, dans les interactions d’enseignement-apprentissage qui conduisent les élèves à réussir ou non dans leurs apprentissages, dans le sens également qu’ils construisent avec les enseignants à propos du travail scolaire. Mais la somme des contraintes auxquelles l’école fait face en France, notamment en collège, a conduit les pouvoirs publics à initier depuis plusieurs années des dispositifs (classes relais, aides aux devoirs, parcours différenciés, etc.) qui prennent appui sur un engagement des enseignants hors de leur classe, dans des dispositifs collectifs. Nous présentons dans ce chapitre les résultats d’une étude qui vise à recenser ces dispositifs prescrits de lutte contre le décrochage scolaire. Le but est notamment de mieux comprendre les types d’engagements des personnels, leur pouvoir d’agir* (Clot, 2008) en réponse à la prescription, au travers de leurs diverses formes d’implication et/ou de décrochage professionnel.
Les difficultés à faire réussir tous les élèves à l’école trouvent leur origine dans une évolution sociale et politique lourde depuis deux décennies : les faibles perspectives d’insertion professionnelle pour les jeunes, la confrontation à la misère, l’intégration des populations récemment immigrées et la lutte contre le communautarisme, l’obligation d’inclure les personnes en situation de handicap. Or, la conjugaison des tensions sociales qui se projettent sur le système scolaire dans certaines zones est telle que la situation de classe ordinaire apparaît parfois caduque…