Chapitre
L’imaginaire se structure à partir de figures référentielles qui entretiennent sa force d’application et nourrissent sa mise en pratique. Ce
sont de telles figures qui, par leur puissance évocatrice, permettent d’ouvrir le champ des possibles pour rendre effectif le pouvoir des formes au
cours de toute démarche créatrice.
La dame d’Auxerre offre une image prégnante
capable de générer du symbole, tant par sa présence
que par son histoire. Petite statuette féminine trouvée dans l’Auxerrois, on lui donne le nom de sa
région d’origine. Ses formes pures et stylisées, sa
stature et son maintien, l’apparentent à une femme
de haut rang. On imagine l’épouse d’un haut dignitaire ou une figure féminine idéalisée. Mais une
nouvelle interprétation archéologique bouleverse la
donne et trouve à cette figure une origine beaucoup
plus lointaine. La grande Bourguignonne devient
une princesse de la ville de Rethimnon au nord de la
Crète. Sa posture hiératique, la main droite ouverte
sur la poitrine, son allure fine et élancée pourrait
aussi en faire une figure du sacré. En déesse
minoenne, la statuette prend une nouvelle charge affective. Puissance
phallique érigée, elle se différencie des formes généreuses et pleines des
déesses-mères symbolisant la fécondité. Curieux destin d’une sculpture
qui, au cours du temps et selon l’investissement de ceux qui la contemplent, déploie son pouvoir de fascination et s’enrichit d’une pluralité
signifiante non close. Le poids des siècles, l’esthétique des formes
gravées dans la pierre, la magie secrète du geste, tout concourt à séduire,
tout pousse à la rêverie…
Plan
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2010
- https://doi.org/10.3917/eres.queli.2007.01.0019
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