Tout au long de ses écrits, Freud a accordé une place privilégiée aux enjeux symboliques de la création artistique. Centrer l’attention sur la structuration des œuvres, prêter un intérêt majeur à la démarche créatrice, autant de préoccupations nécessaires à la mise en place d’une méthodologie de recherche pour l’investigation des processus inconscients. De par sa culture, de par sa propre appétence, Freud inscrit sa compréhension du fonctionnement psychique sous le sceau du déchiffrement du sens que la créativité prend dans l’évolution du sujet. Dans son identification héroïque à Goethe, comme l’a mis en évidence Didier Anzieu dans L’auto-analyse de Freud et la découverte de la psychanalyse (1959), il emprunte la méthode des découvreurs et se propose de frayer des voies nouvelles. Bien qu’il reconnaisse que les origines du processus créateur resteront toujours un mystère, il ne cesse de s’aventurer sur les chemins de son dévoilement.
En premier lieu, je mettrai l’accent sur la façon dont Freud a affirmé régulièrement que les poètes étaient les premiers à mettre en lumière les vérités psychiques que la psychanalyse approfondit par la suite ; ou plutôt, pourrait-on dire, les textes poétiques apportent une confirmation aux grandes découvertes psychanalytiques. En second lieu, il est notable que Freud ponctue toutes ses publications de références constantes à la littérature, au théâtre et aux arts plastiques. Tantôt ce sont des vers de Shakespeare qui sont cités pour appuyer une analyse clinique, comme dan…