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La persécution est pour nous, modernes, un phénomène pathologique. Ce qui veut dire en l’occurrence que nous la rejetons de deux manières, comme étrangère ou devant être étrangère à notre fonctionnement social et à notre fonctionnement psychique bien réglés. Le premier rejet passe par l’histoire, le second par l’ethnologie. Le premier concerne notre autocompréhension politique, et nous en usons pour nous distinguer d’une situation que nous avons laissée historiquement derrière nous, le second concerne l’analyse de nos dispositions psychiques cardinales, en tant qu’elles correspondent à une certaine situation sociale qui n’est pas celle d’autres sociétés, plus précisément des sociétés dites traditionnelles.
Engager une réflexion sur la persécution aujourd’hui suppose que l’on soit au clair sur ces deux attitudes qui nous définissent, et sur ce qui est en train d’évoluer à leur égard, compte tenu des transformations sociales qui se produisent. Considérons donc de plus près ces deux rejets.
Le premier, historique, revêt un sens sociopolitique qui nous paraît essentiel : c’est la fondation de l’État moderne, comme État neutre d’une société sécularisée et tolérante, qui fait de la persécution des membres de communautés minoritaires – et plus particulièrement de communautés religieuses minoritaires, définies par leurs croyances et par leurs origines – un phénomène unanimement réprouvé. Le principe républicain de l’égalité devant la loi, en même temps que le principe libéral de la liberté de culte, est censé y faire barrage…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 28/02/2021
- https://doi.org/10.3917/puf.chabe.2018.01.0069
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