Chapitre
Lecteur, lectrice, te voilà en route vers la région de Sidi Bouzid. Bien connue en Tunisie, même si elle est souvent perçue comme marginalisée, elle est désormais célèbre dans le monde entier puisque c’est là que s’est immolé par le feu Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010, geste tragique qui aurait déclenché les « printemps arabes ». Le livre s’ouvre sur l’immolation de ce jeune vendeur de fruits ayant conduit à la destitution du président Ben Ali, et lancé des révolutions dans de multiples pays. Mais il s’intéresse ensuite à l’une des clés explicatrices de ce geste : les transformations agricoles régionales. Car Mathilde Fautras se refuse à y voir là le seul facteur. Forte de toute sa rigueur scientifique, elle montre que si l’acte de Mohamed Bouazizi a engendré des contestations sociales majeures et des changements politiques dans le pays, il n’y a pas eu de profonds changements de l’ordre social dans les campagnes tunisiennes depuis 2010-2011.
Les transformations agricoles et rurales dans la région de Sidi Bouzid, ancrées dans une histoire spécifique, sont elles-mêmes, d’une grande complexité. Elles font intervenir de multiples niveaux. Il y a bien sûr, les politiques officielles, coloniales et post-coloniales, qui au nom de la « sécurisation » des terres ont bien souvent engendré, en réalité, une nouvelle forme d’insécurité pour les propriétaires exposés aux logiques du marché. Il y a les stratégies des investisseurs agricoles, experts dans l’art d’obtenir du crédit bancaire et des autorisations officielles, voire des passe-droits…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 31/03/2022
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