CAIRN.INFO : Matières à réflexion

636 morts en un an : c’est le chiffre annoncé en octobre 2021 par le Front Uni des Agriculteurs (Samyukt Kisan Morcha) qui fédère les manifestations paysannes protestant contre trois lois votées en septembre 2020 par le gouvernement fédéral indien. Tragique est le bilan humain des plus grandes manifestations agricoles de l’histoire de l’Inde indépendante : violences policières, suicides, morts de froid pendant le blocus hivernal de Delhi, accidents divers. Au final, après plus d’un an de pourparlers qui n’avaient pas suffi à faire changer les positions d’un iota, le 19 novembre 2021, à moins de trois mois d’élections au Punjab et en Uttar Pradesh, le Premier ministre nationaliste-hindou Narendra Modi a fini par se dire « désolé des incompréhensions » et annonce l’abrogation prochaine des trois lois. Il a cédé face à la ténacité des kisans (agriculteur·trices) qui, malgré la pandémie de Covid et autres vicissitudes, continuaient à stationner le long de trois entrées routières de la capitale et à organiser des manifestations dans une bonne partie de l’Inde du Nord. Ces trois lois visaient à accentuer la libéralisation de l’agriculture : dynamiser le négoce agricole en contournant les marchés de gros publics (les « mandis »), déréguler les achats et stocks destinés au Système Public de Distribution alimentaire subventionnée (PDS), et faciliter l’agriculture sous contrat entre producteur·trices et industrie agro-alimentaire.
Sans doute des millions d’agriculteur·trices ont-ils été impliqué·es d’une façon ou d’une autre dans ce mouvement – en 2015-2016 l’Inde comptait 146 millions d’exploitations…

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L’Inde a connu en 2021 le plus grand mouvement social paysan de son histoire. Celui-ci a réussi à s’opposer, avec succès, aux réformes libérales du marché agricole voulues par le gouvernement Modi. Si cette mobilisation se situe dans la droite ligne de la défense des intérêts de la petite paysannerie contre l’agro-industrie, elle ne manifeste par contre guere d’appétence pour un changement de modèle productif et une transition agroécologique. Analysant les raisons de cette dichotomie, Frédéric Landy et Bruno Dorin explorent, en partant de l’expérience de l’Andhra Pradesh, le rôle que les États locaux peuvent jouer pour faire gagner l’agroécologie.

Frédéric Landy
Professeur de géographie à l’Université Paris Nanterre/LAVUE, chercheur associé à l’Institut Français de Pondichéry (IFP) et au Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS).
Bruno Dorin
Chercheur économiste au CIRAD, UMR CIRED, affecté au Centre de Sciences Humaines à New Delhi (CSH).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 09/03/2022
https://doi.org/10.3917/mouv.109.0094
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