Mots-clés
- Enthousiasme
- Haine
- Honneur
- Indignation
- Orgueil
Avec la peur, la colère est l’une des deux émotions prototypiques. Toutes deux ont probablement été façonnées par ces épisodes de l’évolution où il était essentiel de réagir rapidement à un danger ou une menace. Nous mettrons ici l’accent sur les causes immédiates plutôt que sur les causes finales de la colère.
Selon un large consensus, les déclencheurs ordinaires de la colère sont la contrariété, les menaces portant sur l’autonomie, l’autorité ou la réputation, l’insulte et le manque de respect, la violation des normes ou des règles, et le sentiment d’injustice.
La colère causée par la contrariété est courante (« irritation » serait peut-être un terme plus juste). Lorsqu’un automobiliste a besoin d’aller quelque part très vite, il peut éprouver de la colère s’il est ralenti par des cyclistes. Dans De la colère, Sénèque demande pourquoi le public se met en colère et s’estime lésé si, dans l’arène, les gladiateurs ne meurent pas de bon cœur. Il répond que ce sentiment n’a que l’apparence de la colère, et il le compare à ces enfants qui voudraient frapper la terre sur laquelle ils viennent de tomber. Il aurait également pu citer l’attitude de Xerxès qui, selon Hérodote, ordonna qu’on fouette le détroit des Dardanelles après l’effondrement du pont qu’il avait jeté à travers.
Pour rendre plus nette la différence entre une infraction à la règle et le sentiment d’injustice, nous pouvons envisager cet exemple d’émotions urbaines dans la France de l’Ancien Régime. En 1721, un cocher parisien fut condamné au fer rouge et aux verges pour avoir volé un morceau de fer à son maître, qui louait des voitures…