Mots-clés
- Amour de soi
- Conformisme
- Désir mimétique
- Empathie
- Imitation
Le mot « sympathie » connaît un usage large et flexible. Ses origines se situent dans la Grèce antique, où il signifie une ressemblance ou similitude (sym) parmi les sentiments, passions ou émotions (pathos) d’individus distincts. Pour plusieurs philosophes moralistes du xviiie siècle, la sympathie désigne un acte psychologique ou imaginatif par lequel une personne en vient à connaître et comprendre les sentiments d’une autre, et elle joue aussi un rôle dans le jugement moral. Dans l’usage contemporain, le mot renvoie à une émotion, à une forme de souci ou de bienveillance envers un individu en détresse. La sympathie peut donc évoquer une conformité de sentiment, un acte psychologique ou imaginatif, ou l’expression d’une préoccupation face à la souffrance d’autrui. Au xxe siècle, la discussion se complique encore avec l’émergence de la notion d’empathie. Les deux termes ne se distinguent pas toujours clairement. Dans le langage de tous les jours, « empathie » désigne en général le partage des sentiments ou émotions de l’autre, et « sympathie » décrit le sentiment de préoccupation pour une autre personne. La personne empathique éprouve donc un sentiment semblable ou identique à celui d’un autre être humain, mais la sympathie instaure un intérêt émotionnel pour une personne, surtout en détresse.
Dans ce qui va suivre, la sympathie sera évoquée dans les différents sens mentionnés plus haut, alors même qu’une bonne partie de ce qu’ont dit les philosophes des Lumières au sujet de la sympathie se rapporte en réalité à l’empathie…