Mots-clés
- Care
- Genre et passions
- Intérêt
- Masculinisme
- Misogynie
- Reconnaissance
Le Banquet de Platon (385-370 av. J.-C.) est à juste titre considéré comme le texte fondateur des conceptions occidentales de l’amour. Présenté comme une discussion entre notables participant à un banquet, il offre l’une des sources les plus durables pour les théories et métaphores de l’amour, décrivant et prescrivant à la fois le sentiment amoureux. C’est le seul dialogue où Socrate s’incline devant l’autorité d’une femme – la prêtresse Diotime – pour disserter sur la plus débattue des émotions, l’amour. Diotime de Mantinée – personnage historique réel – met un terme à la discussion en prononçant l’un des plus célèbres discours sur l’amour dans l’histoire de la pensée occidentale. Elle définit l’amour comme le principe par lequel les dieux se mêlent aux humains, comme une force générale de médiation, comme la possession éternelle d’un bien. Diotime propose ensuite la métaphore de l’amour comme échelle permettant de passer de l’amour de corps spécifiques à l’amour de tous les beaux corps, puis de s’élever jusqu’à la connaissance de la beauté et de la vérité absolues. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi ce texte est resté en circulation dans une culture chrétienne soucieuse de consacrer le pouvoir de l’âme sur le corps, qui niait l’importance de la sexualité dans les affaires humaines et qui concevait les épreuves de l’âme comme une progression contemplative menant à de plus hautes vérités. Pourtant, la métaphore de l’échelle n’enflamma jamais vraiment l’imagination des poètes ou des romanciers (qu’il s’agisse de l’amour courtois d…