Mots-clés
- Amitié
- Care
- Honte
Bien que le sentiment de complicité évoque le confort de l’amitié, d’une relation intime de confiance, le mot « complicité » renvoie en premier lieu à une catégorie juridique : il désigne la responsabilité d’un individu dans les actes d’un autre, en général quand le complice aide ou encourage délibérément un autre individu à commettre un crime. Dans le langage ordinaire, « complicité » est le nom du phénomène plus large de partage moral des méfaits d’une ou de plusieurs autres personnes, comme lorsqu’un État est jugé complice de violations des droits de l’homme à cause de son acceptation tacite de ces méfaits, pour des raisons de sécurité nationale ; ou quand des consommateurs sont jugés complices des torts commis lors de la production des biens consommés. Ces usages sont des exemples du verdict moral de responsabilité : dire qu’une personne est complice d’un méfait, c’est la déclarer responsable de ce méfait, que ce soit devant la loi, devant les victimes ou devant sa propre conscience. Officiels ou informels, les verdicts de complicité sont omniprésents dans notre vie politique et sociale.
Les jugements de complicité ne sont pas simplement des affirmations de responsabilité. Ils impliquent aussi de puissantes émotions : la culpabilité et la honte chez la personne accusée de complicité, la colère vertueuse chez les accusateurs. Dans le domaine de la consommation, les campagnes fondées sur la culpabilité peuvent induire d’importants changements des conditions de production, comme le travail des enfants dans l’industrie textile, ou le commerce équitable pour la production de café ou de chocolat…