Chapitre
Traditionnellement les parents en difficulté sont identifiés par l’insuffisance estimée de leurs compétences à élever un enfant, l’écart de leur comportement au regard d’une norme sociale ou culturelle, l’appréciation que des « professionnels du social » peuvent produire de ce que représente, selon eux, une situation de danger pour un enfant à l’aune de ce que l’on considère comme constituant les « besoins universels de l’enfant ».
Ce faisant, les travailleurs sociaux que nous sommes, d’autant plus si nous avons une responsabilité institutionnelle de prévention et/ou de protection, ont pour fonction de repérer les carences parentales au regard des risques encourus par l’enfant et, si possible, d’y remédier, en amont (prévention) ou en aval (protection et traitement) des troubles. Combiner aide et évaluation n’est pas des plus aisés. Cela suppose, a minima, d’interroger ce qui fait référence dans l’appréciation d’une situation familiale et de contrôler, autant que faire se peut, non seulement les projections – qu’elles soient subjectives et/ou culturelles – mais également les risques des prédictions autoréalisatrices.
Il se trouve que le regard porté sur les parents au nom de la prévention et de la protection de l’enfance est, inévitablement, chargé de soupçon en amont, et de stigmatisation en aval… Cela rend l’approche des parents en difficulté difficile et le travail ingrat, avec certaines familles. Aussi, travailler avec les parents possiblement en difficulté, au nom des risques qu’ils font encourir à leur enfant, nous conduit-il à devoir interroger les catégories (pertinentes sans doute, mais non sans risque de stigmatisation donc de fixation des difficultés que nous sommes supposés aider à surmonter) à partir desquelles nous évaluons le danger pour un enfant…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/05/2020
- https://doi.org/10.3917/eres.suess.2020.01.0047
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