Chapitre
Près de quarante ans après le cours sur Les Anormaux que Michel Foucault prononça au Collège de France, quelles sont les nouvelles figures de l’anormalité ? Faut-il soigner ou punir les malades mentaux dangereux ?
Qu’y a-t-il de commun entre un tueur en série et une mère qui égorge ses nouveau-nés et les enterre dans son jardin ? Entre une personne qui veut tuer le président de la République et que l’on arrête juste à temps et celle qui, persuadée d’être mise sur écoutes par l’Élysée, en vient à penser qu’elle doit tuer le président ? On dit d’eux qu’ils sont des « malades mentaux dangereux ». C’est Michel Foucault le premier qui rend compte du glissement sémantique dès les années 1970 entre la dangerosité comme probabilité et la dangerosité comme état permanent. Ce concept émerge au xixe siècle, au moment même où le crime n’est plus envisagé sous l’angle de la fureur. La loi de 1838 sur l’hospitalisation d’office, la création d’expertises médicales requises pour apprécier l’anormalité et la dangerosité de tel ou tel délinquant et les conceptions médicales de l’époque marquées par la théorie de la dégénérescence (on naît « taré » ou « criminel ») contribuent à asseoir l’exercice du pouvoir psychiatrique.
Lorsqu’il prononce en 1975 son cours sur Les Anormaux, Foucault étend son analyse du pouvoir psychiatrique élaborée l’année précédente (Le Pouvoir psychiatrique) et prépare sa réflexion sur l’articulation des mécanismes disciplinaires et des mécanismes biopolitiques, à l’intersection desquels se trouvent la médecine et la sexualité …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/04/2020
- https://doi.org/10.3917/sh.lhere.2017.01.0135
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