Cette interrogation récente de la part d’un auteur marqué par l’expérience totalitaire et concentrationnaire constitue peut-être le fil rouge de ce livre. D’une part, dans sa dimension politique : regard qui contrôle, mais aussi qui reconnaît l’existence de l’individu au sein du groupe. Ainsi dans la dimension métaphysique telle que l’auteur l’aborde dans son ouvrage, qui renvoie chacun à son éthique ou sa morale personnelle : « À qui rendons-nous des comptes ? » Cette question trouve toute sa place ici à l’heure où l’atteinte des droits fondamentaux des étrangers est telle qu’elle fait inévitablement retour sur nous avec le questionnement suivant : quelle société sommes-nous prêts à accepter ? L’étau législatif se resserre sur les étrangers, rejetant des centaines de milliers de personnes dans un hors champ social sous l’appellation « disqualifiante » et globalisante de « sans-papiers ». Ces personnes, sans perspective sont alors contraintes à une forme de clandestinité, comme une sorte d’invisibilité pour se soustraire au regard dangereux. Sans oublier la difficulté d’accès à un logement fixe (souvent en partie liée à ces situations) qui les condamne à errer sur notre territoire, donc à toujours disparaître (perdues de vue ?).
Cette réalité va bien sûr avoir de nombreuses conséquences sur leur quotidien, mais aussi sur leur vie psychique. De cela, nous allons essayer ici de témoigner. Nous nous intéresserons aux femmes enceintes et aux mères avec leur bébé, aux familles de plus en plus nombreuses à vivre ces situations…