La confrontation à la maladie grave, en ce qu’elle convoque à la réalité de sa finitude, est nécessairement un moment singulier et bouleversant. Il peut alors arriver que la personne malade exprime un désir de mourir. L’enjeu pour les professionnels sera alors de tenter de comprendre le sens et le statut de tels propos. Quoi qu’il en soit, il s’agit toujours d’un cri. Un cri adressé à un autre. Un cri qui peut se faire assourdissant et violent. Un cri qui demande avant tout à être entendu. Un cri qui est appel de reconnaissance, non seulement de la souffrance qu’il recèle, mais également reconnaissance de l’existence même de celui qui s’exprime par ce cri.
Mais il est également indéniable que l’on ne peut comprendre de telles demandes qu’en les resituant dans leur contexte social, anthropologique et culturel. L’on sait aujourd’hui combien les représentations de « la bonne mort » ont pu connaître différentes figures au cours des époques et des croyances en vigueur (Ariès, 1977). L’on connaît peut-être moins les différentes figures qu’a pu recouvrir la notion d’euthanasie dont on ne retient aujourd’hui que le sens étymologique de « bonne mort » (Thominet, 2003). Or ce que l’on catégorise aujourd’hui, probablement trop souvent de façon hâtive, comme « demande d’euthanasie » doit tout autant être considéré en fonction de la revendication idéologique d’une légalisation de l’euthanasie, qu’être distingué du discours de cette dernière lorsqu’elle s’exprime pour en comprendre ce qu’elle révèle au singulier…