Chapitre
Les soins palliatifs sont apparus et se sont mis en place en France dans les années 80-90, dans un temps où la médecine évitait soigneusement de parler de la mort et se désintéressait, d’une certaine manière, de toutes les dimensions présentes en fin de vie. Les malades étaient alors bien souvent confrontés à leur solitude dans une sorte d’abandon qui ne disait pas son nom. C’est dans ce temps-là que la philosophie palliative s’est infiltrée dans le monde médico-soignant, puis s’est développée avec l’idée de s’attaquer au tabou de la mort, i.e., au tabou d’une parole sur la mort. En effet, en donnant une place à la mort, en la nommant, peut-être la médecine pourrait-elle changer ses pratiques et ainsi considérer mieux le malade jusqu’au bout de sa vie ?
Trente ans plus tard, les choses ne se passent plus du tout de la même manière. La médecine contemporaine n’abandonne plus ses malades incurables. Grâce au travail de diffusion et à l’institutionnalisation des soins palliatifs, la fin de vie tend à devenir un objet de soin pratiquement comme les autres. Elle sera bientôt peut-être prise en charge par une démarche médico-scientifique comme le reste de la médecine… En effet, la mort est aujourd’hui appréhendée – donc nommée – de manière pragmatique et réaliste ; cette façon de procéder correspond parfaitement au modèle autonomiste contemporain.
La médecine technoscientifique possède à présent les moyens de capter par avance le futur, elle anticipe ce qui va advenir. En effet, il y a aujourd’hui de toujours plus grandes possibilités d…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/12/2020
- https://doi.org/10.3917/dunod.centr.2020.01.0805
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