CAIRN.INFO : Matières à réflexion
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Le Grand Héron (Ardea herodias) est un oiseau commun dans la plus grande partie de l’Amérique centrale et du Nord. C’est l’une des vingt-deux espèces d’oiseaux que Christina Harvey et ses collègues ont étudiées pour analyser les propriétés d’inertie de leurs ailes.
© Gregory Johnston/shutterstock

1 Les oiseaux parviennent à effectuer de spectaculaires virages serrés en vol. Or si la configuration de vol est trop stable, l’animal perd en manœuvrabilité. Pour cette raison, les spécialistes pensaient que la physionomie des oiseaux tendait vers une configuration instable. Mais ils manquaient d’éléments expérimentaux pour tester cette hypothèse. Pour y remédier, Christina Harvey, de l’université du Michigan, aux États-Unis, et ses collègues ont déterminé les paramètres qui affectent la stabilité de vol chez vingt-deux espèces. Ils ont modélisé les oiseaux en vol pour connaître la contribution des ailes, du corps et de la queue à l’inertie du système. Les chercheurs ont calculé la position du centre de gravité de chaque oiseau, à savoir le point d’équilibre autour duquel la masse est répartie équitablement. Ils ont aussi estimé le point neutre où la stabilité du vol serait maximale si le centre de gravité était en ce point, car la somme des forces (poids, portance, traînée) s’annulerait. La stabilité des oiseaux en vol repose sur la relation entre ces deux points. Un oiseau est dans une configuration stable, mais peu manœuvrable, à partir du moment où le point neutre est situé en arrière du centre de gravité : s’il bascule vers le haut à cause du vent, il reviendra à sa position initiale sans avoir besoin de modifier sa posture. Si le point neutre est situé devant le centre de gravité, cette configuration est moins stable mais autorise plus de manœuvrabilité. Les chercheurs suggèrent ainsi que le vol des oiseaux n’est un système ni stable ni instable, mais présente la capacité de passer d’un régime à l’autre par la modification de la forme des ailes pour que le point neutre soit positionné en avant ou en arrière du centre de gravité en fonction des besoins.

  • C. Harvey et al., Nature, 9 mars 2022
Élisa Doré
Mis en ligne sur Cairn.info le 06/06/2022
https://doi.org/10.3917/pls.536.0013b
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