Poumon vert de la Tunisie et ancien grenier à blé de Rome, la région contraste avec le Sud aride. Son littoral, très accidenté, est le royaume du corail, des crustacés et poissons de toutes espèces. Les pêcheurs actuels sont les dignes héritiers d’un passé millénaire, dont les techniques de capture figurées dans la pierre leur furent transmises pour continuer à nourrir les hommes.
En Tunisie, l’antiquité des pratiques et des techniques de pêche et de navigation, remonte à la Carthage punique et à l’occupation romaine. Le mutisme des textes puniques anciens sur la pêche est compensé par les découvertes archéologiques. Hameçons en bronze de toutes tailles, pesons de terre cuite pour les filets, stèles, monnaies, moules représentant des poissons, vestiges de pêcheries puniques à Ruspina près de Monastir... Les liens économiques basés sur les ressources marines, entre la métropole carthaginoise et le monde méditerranéen, sont nombreux et avérés. À Athènes et dans l’île de Délos, des restes de poissons ont été mis au jour, contenus dans des amphores puniques. Dans la région de Gadès (aujourd’hui Cadix, Espagne), on pratiquait la pêche du thon. Son exportation vers Carthage dans des amphores, se faisait après nettoyage, découpe et salaison du poisson. Fethi Chelbi, ancien conservateur du musée de Carthage, apporte un éclairage complémentaire : « Les Puniques pêchaient aussi le Murex, ce coquillage dont ils extrayaient les sucs pour la fabrication de la pourpre. Cette teinture d’un rouge foncé ornait les toges des dignitaires chez les anciens…