Chapitre
Le début du xxe siècle marque un tournant décisif dans l’histoire du savoir psychiatrique contemporain. Après l’entreprise d’individualisation des différentes variantes de maladies mentales débutée au milieu du xixe siècle avec Jean-Pierre Falret (1794-1870) à l’hospice de la Salpêtrière, qui concrétise l’abandon de l’unicité de l’aliénation mentale au profit d’une perspective plus médicale centrée sur le diagnostic différentiel des affections mentales, c’est-à-dire admettant qu’il existe plusieurs façons d’être « fou », l’ambition d’une vaste classification se met en place. L’idée, empruntée aux taxonomies de l’époque, consiste à répertorier, ordonner, et classer les multiples signes et symptômes des désordres mentaux regroupés en syndromes et en maladies en fonction de critères observables. C’est précisément ce dernier point qui est essentiel, dans la mesure où pour ces pionniers des classifications des maladies mentales, il s’agit d’abord de rompre avec l’illusion d’une étiologie unique des maladies – en l’occurrence l’aliénation – et par là même d’en récuser l’autorité comme principe classificateur, pour ensuite apporter la preuve concrète que l’observation clinique, quel que soit le lieu où elle se déroule, est le mode privilégié de la connaissance psychiatrique. Inutile donc de connaître l’étiologie et l’ensemble des causes intervenant dans le déroulement du processus pathologique pour ordonner et diagnostiquer les maladies mentales, pourrait-on dire, l’observation méticuleuse et rigoureuse est suffisante pour répertorier et classer les entités morbides, puis déduire l’histoire naturelle de chacune d’elles, son pronostic et enfin les traitements spécifiques qu’elle requiert…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/01/2020
- https://doi.org/10.3917/dec.fassi.2012.03.0101
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