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Au moment des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, en janvier 1995, les pouvoirs publics comme la presse ont immédiatement considéré que les tueurs avaient d’abord voulu frapper des symboles forts de la République. Et en particulier sa liberté d’expression, à travers l’exécution de dessinateurs engagés qui s’étaient illustrés dans l’irrévérence à l’égard du religieux, avec un réel acharnement contre l’islam. Sa police, à travers la mise à mort d’une jeune policière froidement assassinée de plusieurs balles dans le dos. Ses Juifs, enfin, pour leurs supposés liens avec le colonialisme sioniste, mais surtout comme représentants d’une religion supposément mieux tolérée que d’autres par la France.
Ces trois motifs semblaient réunir dans un geste univoque le mobile des meurtres : tuer des hommes et des femmes pour ce que leur vie représentait aux yeux de la population et des autorités politiques. L’idée sous-jacente, bien classique en matière de terrorisme, reposait sur la volonté, pensait-on, de fragiliser les démocraties occidentales en leur faisant peur, en leur faisant croire qu’elles pouvaient être atteintes n’importe où et n’importe quand, dans leurs symboles les plus forts ou les plus prestigieux. Comme s’il suffisait pour terroriser les populations et faire vaciller les États d’attaquer leurs principaux symboles.
Mais, s’agissant du djihadisme contemporain, nous étions sans doute bien loin du compte. Les attentats du 13 novembre 2015 allaient tragiquement démontrer que les crimes de Mohammed Merah à Toulouse et à Montauban en 2012, les exécutions de sang-froid perpétrées par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly comme le carnage du Bataclan, des terrasses des …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0037
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