Ce chapitre a pour objectif de présenter une tentative d’identification de logiques ayant mené les individus rencontrés à s’engager dans la création d’une activité économique en dehors de l’option du salariat, et de formaliser cette activité sous la forme d’une entreprise à forme sociétaire.
La revue de la littérature proposée au chapitre II a indiqué l’intérêt de considérer la création d’entreprise sous un angle processuel, en mettant en évidence les variables contextuelles et individuelles menant des individus à envisager, à un moment donné de leur existence, de créer leur propre activité économique. L’hypothèse sous-jacente est qu’il n’existe pas une figure de l’entrepreneur ou du créateur d’entreprise; à l’inverse, la littérature ne cesse de montrer l’hétérogénéité de cette catégorie, et la diversité des traits, motivations, raisons, contraintes et opportunités menant à l’acte d’entreprendre.
Le cadre d’analyse proposé envisage de traiter des logiques d’action menant à la primo-création. Celles-ci sont définies dans le chapitre II, à la suite d’Amblard et al., comme une articulation entre l’acteur et une situation d’action. Le parti pris est de considérer l’acteur comme doté d’une rationalité dont il construit les possibilités d’évolution, qui lui permet, étant donné la situation qui est la sienne à un moment donné, de choisir, parmi les options qui lui sont disponibles, de se lancer dans une stratégie de création d’entreprise.
La dynamique propre aux entretiens de type biographique est que l’acteur, en cours de récit, a tendance, à plusieurs reprises, à préciser, nuancer, requalifier le raisonnement narratif de son histoire…