Chapitre
Depuis un quart de siècle, le développement d’internet a été accompagné de prévisions répétées sur les mutations radicales que le numérique allait apporter à tel ou tel domaine de l’activité sociale. La production économique pourrait arriver directement chez le consommateur sans intermédiaire marchand – les notations en ligne étant chargées de créer la confiance – le citoyen pourrait faire circuler l’information sans la médiation du journaliste, le savoir humain pourrait être mis à la disposition de tous, les apprenants de tous les pays du monde accéderaient, grâce aux MOOC, aux meilleurs enseignements des plus grandes universités. Ces utopies démocratiques, ces projets de court-circuit des médiations traditionnelles se sont révélés des illusions. Un oligopole de grandes plateformes a remplacé les commerçants traditionnels, les citoyens ordinaires ne se sont pas substitués aux journalistes, la plupart des apprenants, inscrits aux MOOC, ont abandonné avant d’arriver à la fin du cursus en ligne. À ces utopies positives, on peut opposer des utopies négatives sur le contrôle permanent de l’activité des salariés, sur la surveillance continue des consommateurs ou sur le remplacement de l’homme par des robots, sur le développement d’une intelligence artificielle qui deviendrait plus intelligente que les humains et pourrait les diriger à leur insu et détruire toute sociabilité.Il appartient, donc, aux sciences sociales de critiquer les nombreuses illusions qui ont accompagné le développement du numérique en réalisant des enquêtes de terrain, de montrer ce qu’est vraiment la « révolution internet »…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/06/2022
- https://doi.org/10.3917/arco.marti.2021.01.0287
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