En conclusion de L’ordinaire d’internet, publié il y a cinq ans (2016), nous répondions par l’affirmative à la question de savoir si internet était bel et bien devenu « ordinaire ». Les chapitres rassemblés dans L’ordinaire d’internet contribuaient à en rendre compte à travers une grande variété d’enquêtes ancrées dans une période marquée par une massification des usages et la variété croissante des pratiques associées au numérique. Mais plus encore qu’une place accrue, la période récente et la situation de pandémie et de crise sanitaire, économique et sociale semblent, avec une intensité renouvelée, braquer les projecteurs tant sur l’omniprésence que sur la variété des rôles du numérique en société. À l’occasion du tout début du premier confinement de mars 2020, nous écrivions – répondant à une sollicitation de CNRS-Le journal sur ce thème – que « la période de confinement que nous vivons actuellement dévoile au grand jour la place essentielle que les outils numériques occupent dans nos vies et dans l’organisation de nos sociétés. (…) Leur présence ne date évidemment pas du confinement, mais cette profonde réorganisation de nos quotidiens fait éclater, pour beaucoup d’entre nous, leur centralité » (Martin, Dagiral, 2020). Nous y soulignions à la fois l’intensification probable des pratiques dans un tel contexte (qu’il s’agisse des sociabilités, du télétravail contraint, de l’école à distance, etc.) ainsi que les tensions relatives aux dimensions d’obligation et de contrainte associées, dont le terme de « continuité » (« pédagogique », en particulier) a rendu compte dans de nombreux débats…