Chapitre
S’endetter est le propre de l’Homme. Rembourser va contre sa nature la plus profonde. « Et le sixième jour, Dieu créa le débiteur », selon un vieux proverbe roumain, du moins s’il faut en croire un des Pères fondateurs de la finance internationale moderne, Thomas Lamont, directeur de la Banque fédérale de New York dans les années 20, à une époque où la plupart des États européens sombraient dans la faillite, ou plutôt s’y précipitaient pour éponger les conséquences financière de la Première guerre mondiale.
Historiquement, la banqueroute d’État est plutôt la règle que l’exception : les deux derniers siècles ont connu environ 320 banqueroutes d’État, y compris de la part de pays comme l’Angleterre ou l’Allemagne ; en France la dernière en date fut celle que proclama le Directoire en 1797. Notre pays, si souvent accusé de légèreté dans le domaine monétaire et financier, fait plutôt meilleure figure sur le long terme que l’Allemagne, qui a changé de monnaie deux fois au xxe siècle : en 1924 et en 1948. En 1924 le mark avait disparu à la suite d’une hyperinflation, provoquée par la Reichsbank pour faire échouer l’occupation de la Ruhr lancée en janvier 1923 par les Français, les Belges, et également les Italiens (ce qui est peu connu). Et aussi pour rendre les réparations exigées à Versailles impossibles à payer. On passa donc au Reichsmark. Celui-ci, exsangue, fut remplacé en 1948, on le sait, par le Deutschemark. Cela permit au passage (outre un coup d’arrêt au marché noir et à l’inflation) d’éponger l’endettement de l’État allemand (500 % du PIB de 1938)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/04/2021
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