« Le pouvoir qui se dégrade n’obtient jamais merci de ses ennemis. »
Chateaubriand.
« [Les attentats] déclenchent le plus souvent de tout autres forces que celles que leur auteur avait prévues. Ils influent moins sur l’orientation que sur le rythme de l’Histoire, tantôt l’accélérant, tantôt le freinant. »
Ernst Jünger.
Pendant toute la guerre froide, des « observateurs éclairés » ont expliqué que le terrorisme, pris comme une catégorie abstraite et homogène, était le fruit de la manipulation des services secrets des pays communistes, Union soviétique en tête avec le kgb. Or, depuis la chute du communisme, le terrorisme n’a pas cessé de se développer, preuve que le fameux « fil rouge » était cousu de fil blanc. La thèse paraît aujourd’hui simpliste : elle a pourtant remporté à l’époque un franc succès. La thèse du complot présente en effet des atouts non négligeables. Elle rassure par sa simplicité : la complexité inquiète et fatigue. Elle puise par ailleurs sa force de persuasion dans le fait qu’elle contient toujours une part de vérité : on ne compte plus les terroristes qui furent protégés, tolérés ou parfois commandités par les services des pays communistes ; pour autant ni le ltte ni l’eta n’ont été des créations du kgb. Instrumentaliser ponctuellement ne signifie pas créer et encore moins contrôler.
Le goût pour la thèse du deus ex machina caché ou du « chef d’orchestre clandestin » prend aussi sa racine dans cette paresse de l’esprit bien connue qui consiste à ne jamais voir l’originalité, la nouveauté et la complexité des phénomènes…