Chapitre
Depuis quelques années, de nouvelles catégories cliniques occupent le devant de la scène psychiatrique. Qu’il s’agisse des syndromes post-traumatiques, du harcèlement, du stress ou encore du vaste ensemble des souffrances psychiques, ces notions, à défaut d’être clairement identifiées d’un point de vue clinique, connaissent un succès populaire sans précédent pour des manifestations psychologiques ou psychiatriques (Fassin, Rechtman, 2007). C’est dans la presse généraliste, sur les plateaux de télévision, dans les programmes radiodiffusés jusque dans les expressions du sens commun que l’on en repère les principales occurrences. Le constat est régulièrement identique et souvent sans appel, nos concitoyens souffrent d’un nouveau « mal-être » intimement lié aux conditions de vie des sociétés modernes, sur-modernes ou postmodernes. Pour certains, cette émergence traduirait un changement de la subjectivité contemporaine dont les avatars se manifesteraient précisément dans de nouveaux troubles n’ayant pas de correspondance dans les anciennes formes cliniques (Gauchet, 1998). Le « mal-être » que ces nouvelles dénominations viennent épingler se distingue, sur au moins un aspect essentiel, des formes plus classiques de la pathologie mentale que les psychiatres avaient jusqu’ici pour habitude de prendre en charge. En effet, il ne s’agit pas d’une souffrance de la pathologie, c’est-à-dire une souffrance produite par une pathologie mentale. Il ne s’agit pas plus des effets d’une éventuelle désadaptation aux conditions de vie moderne…
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Auteur
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[*]
Richard Rechtman est psychiatre, anthropologue, asm 13, iris (ehess) et institut Marcel-Rivière.
- Mis en ligne sur Cairn.info le 14/02/2011
- https://doi.org/10.3917/eres.chila.2010.01.0055
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