Chapitre
Terrorisme et mafias entretiennent de notables différences qui
éclairent crûment l’attitude de l’État à leur égard.
La plus évidente réside dans leurs objectifs respectifs : le pouvoir ou le triomphe d’une idée pour l’un (le terrorisme) et le profit
pour l’autre (les mafias). Ce, quelle que soit la perméabilité nouvelle entre les sphères criminelles et politiques depuis l’abolition
de l’ordre bipolaire du monde : l’arme terroriste est ponctuellement utilisée par des mafias en butte à une répression étatique
gênante, et des entités naguère purement politiques ont dégénéré
dans le crime de droit commun. Or cette évidence sur l’opposition
des buts mérite réflexion. Car qu’implique-t-elle réellement ? Le
terrorisme vise à la destruction du système qu’il prend pour cible
et s’affirme ainsi comme extérieur à lui. En revanche, les mafias
vivent du système au point d’en constituer un rouage.
Il existe cependant une autre différence (pouvoir-profit), peu
comprise et fondamentale, mettant en exergue la nature essentiellement autre de leur fonctionnement. Les entités mafieuses et terroristes naissent et croissent dans le secret, et leur genèse est souterraine. Toutefois, la clandestinité est la raison d’être permanente
et indépassable d’une mafia alors qu’elle n’est qu’une parenthèse
entre deux apparitions (attentats, revendications, textes de doctrine) pour une entité terroriste. Cette clandestinité permanente de
la mafia est à ce point constitutive qu’elle s’accommode à merveille de sa négation officielle ; au point même que la mafia y
œuvre elle-même, pour mieux se faire oublie…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/10/2021
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