L’adoption, par les pays européens, de politiques d’immigration de plus en plus sélectives impulse, par ricochet, le développement de nouvelles routes migratoires détournées, empruntées par les migrants n’ayant pas les moyens légaux d’immigrer. Dans une dynamique à double sens, les parcours migratoires deviennent de plus en plus complexes au fur et à mesure que l’externalisation du contrôle des frontières, dimension majeure de la politique européenne, recule toujours plus en amont jusqu’à s’effectuer au niveau des pays de départ et de transit. Cette évolution est mise sur le devant de la scène médiatique à travers le cas du Maroc, lorsqu’à l’automne 2005 plusieurs milliers de ressortissants subsahariens, dont des demandeurs d’asile, tentent de pénétrer simultanément dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, « petits morceaux de l’espace Schengen en terre africaine ». La répression spectaculaire qui s’ensuit, les éclats et les tensions diplomatiques générés, la forte médiatisation de ces événements ainsi que la mobilisation de plusieurs réseaux associatifs dénonçant de graves violations des droits de l’homme contribuent à donner, aux yeux de l’opinion publique internationale, une pleine visibilité à la question des migrations subsahariennes au Maroc.
Dès les années 1990, des migrants subsahariens de plus en plus nombreux tentent de se rendre clandestinement en Europe à partir du territoire marocain. En 2005, un rapport de Médecins sans frontières (2005) évalue entre 6 000 et 15 000 le nombre de ressortissants subsahariens en situation irrégulière au Maro…