Chapitre
Après la chute de l’Empire et l’effondrement du système continental napoléonien, les monarques et les diplomates proclamaient leur intention de rétablir l’équilibre européen ou, comme on disait encore, le juste équilibre des puissances. Ce principe ancien, déjà théorisé chez les Grecs, avait été modernisé tout au long du xviiie siècle autour de l’idée de « paix perpétuelle », thème quasiment imposé par le fameux Projet de l’abbé de Saint-Pierre (1713) et les Observations de Leibniz (1716). Rousseau (1756), Bentham (1789) et Kant (1795), pour ne citer que les auteurs les plus célèbres, s’étaient eux aussi avancés dans la brèche, comme d’ailleurs la plupart de leurs contemporains cultivés. Dans son Traité de la nature humaine (1739) et ses Discours politiques (1752), Hume avait perfectionné le concept en conditionnant la paix perpétuelle à la « balance des puissances » (Balance of power). Son compatriote Adam Smith avait même fait de cet équilibre une des conditions de la Richesse des nations (1776). Comme souvent, les théoriciens britanniques recherchaient des applications pratiques et concrètes, sans trop se perdre dans les méandres de la philosophie spéculative, tandis que les continentaux appuyaient leurs réflexions sur des « valeurs » et des « principes » sur le contenu desquels ils pouvaient débattre à perte de vue.
De ces écrits, mais aussi de la pratique diplomatique, était né un corpus encadrant et précisant tant bien que mal le principe d’équilibre. Celui-ci visait à organiser l’ordre international autour de l’idée qu’aucune puissance ne devait dominer seule le continent et lui imposer son hégémonie…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/07/2019
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