Chapitre
« Time is always memorialized not as flow, but as memories of experienced places », partant de cette citation de David Harvey, je souhaite proposer une réflexion sur les rapports des villes et des citadins (en l’occurrence des citadins sud-africains) au temps et à l’espace passés. Les habitants des villes sont confrontés au changement, non pas seulement cyclique mais aussi sans retour. C’est une caractéristique de la citadinité que nous connaissons depuis que nous avons lu Charles Baudelaire : « Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville/Change plus vite hélas que le cœur d’un mortel) ». C’est une conséquence du processus de « destruction créatrice » décrit par David Harvey (1990), il en découle un sentiment qui est donc « a historical emotion », la « nostalgie » : « nostalgia and progress are like Jekyll and Hyde : alter egos ». Ambiguë, la nostalgie me semble être une des composantes omniprésentes de la relation des sociétés humaines à leurs espaces (passés, actuels et à venir).
Le terme nostalgie nous vient de deux termes grecs : nostos, retour et algos, souffrance. Il s’agit à l’origine d’un mal, voire d’une maladie causée par l’absence d’un lieu où l’on souhaite retourner. La notion est donc d’abord spatiale. Nous parlons d’une forme de tristesse géographique qui associe temps et espace, puisqu’elle est autant regret de l’espace d’un temps perdu que regret du temps d’un espace perdu : ce que l’on se remémore, ce que l’on regrette est à la fois espace et temps, et si ce souvenir est difficile à supporter, c’est parce qu’il est à la fois présent (ici et maintenant) et inaccessible (ailleurs et d’un autre temps)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/07/2019
- https://doi.org/10.3917/sh.wievi.2011.01.0163
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