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Depuis le début des années 1970, qui ont vu surgir une vision catastrophiste de la question écologique, la conviction se répand de plus en plus dans l’opinion occidentale : le progrès ne ferait pas le bonheur de ses destinataires et bénéficiaires désignés, « le genre humain » ou « les peuples ». C’était pourtant une promesse de bonheur en ce bas monde que les célébrateurs du progrès, au cours du dernier tiers du xviiie siècle, offraient à leurs contemporains éblouis par les Lumières. Dès 1750, Turgot, traitant des « progrès de l’esprit humain », soutenait la thèse d’un perfectionnement sans fin du genre humain, auquel il promettait une condition meilleure. Et l’on sait que l’enthousiasme progressiste a été universalisé et légitimé par la Révolution française, avant de se constituer en une orthodoxie transidéologique au xixe siècle. Cette idéologisation du progressisme a installé chez les Modernes une confiance en l’avenir, assortie de la conviction qu’il ne pouvait être que « meilleur ».
Croire au progrès, c’est dès lors croire qu’il est vrai de dire que le monde ne cesse de devenir meilleur, que l’humanité s’améliore en même temps que ses conditions de vie, que l’amélioration n’a pas de limites et que le processus d’ensemble se poursuivra sans fin. « La nature n’a mis aucun terme à nos espérances », affirme Condorcet avec confiance, quelques mois avant sa mort en prison. Croire au progrès, c’est donc pouvoir espérer, en croyant avoir de bonnes raisons de le pouvoir. Chez les Modernes, la foi dans le progrès, imaginé comme la somme de tous les progrès, constitue le fondement de la confiance dans un avenir meilleur, cette orientation vers le futur constituant le principal caractère distinctif de la conception moderne de la temporalité…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/02/2021
- https://doi.org/10.3917/scpo.reyne.2021.01.0135
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