Chapitre
Leur ressemblance était étonnante. Même taille à quelques centimètres près, même allure, même profil ; à distance, Joseph et Napoléon semblaient comme jumeaux. De près, le doute n’était plus permis. La voix de l’aîné était différente, caressante, presque suave. Par rapport à son impérial cadet, ses gestes étaient plus mesurés, son sourire se dessinait plus spontanément et son regard, malgré de noires pupilles, témoignait d’une certaine douceur d’âme. Leurs personnalités étaient également si éloignées. La prudence de Joseph était à l’opposé de la fougue du vainqueur d’Arcole. En société, il était en revanche plus adroit, affichant de meilleures manières que son rustre de frère. Pour Joseph, le temps était un allié, pour Napoléon, c’était son ennemi. La phrase de Cervantès dans Don Quichotte « Donner du temps au temps » aurait pu être sa devise. Face à Napoléon, il ne voulut jamais vraiment s’opposer, comme si, dépourvu d’orgueil, le combat de coqs n’était pas digne de lui. Quelque part, il refusait l’engagement, attendant plutôt le moment propice pour agir. Et si ce moment ne venait pas, il continuait son chemin sans regret ni honte. Aussi le duel n’était-il pas possible avec ce frère impatient mais peu rancunier. Leur fausse gémellité empêcha sans doute une vraie rupture entre eux, les rendant même assez souvent complices aussi bien dans leur enfance qu’une fois installés sur d’enviables trônes européens.En 1808, ce digne Bonaparte régnait depuis deux ans en terre napolitaine…
Plan
Auteur
html et feuilletage (par chapitre) Ajouter au panier
- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/09/2021
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...