Chapitre
Au nouvel an 1817, tandis que la pendule de Longwood sonnait les 3 heures de l’après-midi, l’empereur aperçut au-dehors le triste cortège de ses compagnons d’infortune qui s’apprêtaient à lui rendre visite. Aussitôt la petite société réunie, il leur distribua de jolies étrennes, une lunette au général Gourgaud, un jeu d’échecs au grand maréchal Bertrand, une croix en mosaïque de la Légion d’honneur au général Montholon, une jolie bonbonnière en cristal à une enfant Bertrand et de jolies étoffes aux dames. Même un jour de fête, l’allégresse était contenue, étiquette oblige. Seul le timide chahut des enfants occupés à jouer avec les boules de billard faisait un peu désordre. Avec fierté, Napoléon présenta aux élégantes conviées sa collection de tabatières, racontant l’histoire de chacune d’entre elles. Puis son humeur changea pour s’assombrir soudainement : « Je devrais avoir des trésors mais je n’ai rien », ajouta-t-il dépité. La journée s’acheva tranquillement par le retrait du souverain à l’approche des 10 heures du soir. « Bon commencement d’année », grinça Gourgaud.
L’ennui gagnait chaque jour davantage les captifs. Les jours suivants, l’empereur se fit plus rare. On oublia même de tirer en sa compagnie le gâteau des rois. Le 7 janvier, personne ne l’aperçut, ni au salon ni à table, pas même à table : « Voilà une belle journée ! » pesta Gourgaud. L’empereur était parfois si las de la société qui l’entourait, ne parvenant plus à supporter la stupide jalousie de Gourgaud, la froideur revêche de Bertrand ou encore l’empressement étudié de Montholon…
Plan
Auteur
html et feuilletage (par chapitre) Ajouter au panier
- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/09/2021
Veuillez patienter...