19 juin 2015. Deux cent mille personnes venues des cinq continents assistent à la reconstitution de la bataille de Waterloo sur les lieux mêmes où les aigles françaises ont perdu pied il y a deux siècles. Tandis que 850 journalistes suivent de leur tribune les manœuvres des 6 000 reconstituants qui, au bouton près, portent le même uniforme que ceux qui bravèrent la mort en 1815, un jeune homme élancé, de belle taille (un mètre quatre-vingt-dix-huit), au sourire bienveillant et à la distinction parfaite, se glisse anonyme dans la foule. Seuls quelques connaisseurs de l’épopée impériale, dont l’auteur de ces lignes, remarquent sa présence discrète. Il ne cherche point à fuir cependant. Avec ceux qui le reconnaissent, il se montre au contraire proche, disponible, presque humble. Il s’appelle Jean-Christophe Napoléon et n’a même pas trente ans. Petit-fils de Louis le gaulliste, descendant direct de Jérôme Bonaparte, il est désormais le chef de la famille impériale. Avant que le champ de bataille de Waterloo revive la symphonie guerrière qui l’a rendu célèbre, il a tenu à échanger une poignée de main avec le descendant du duc de Wellington. Devant plusieurs têtes couronnées, il a ensuite prononcé un discours de paix et de réconciliation. Autant de gestes appréciés et bienvenus. Au soir du 19 juin 2015, après le dernier coup de canon, il semble ému et recueilli. Cette journée fut un triomphe médiatique pour la mémoire de son aïeul, mais pas seulement. Autour de cette page sanglante de l’histoire européenne, les peuples du vieux continent paraissaient en paix avec eux-mêmes…