Est-ce vraiment le sang de Jérôme qui coule dans les veines de ce Bonaparte-là ? On peut légitimement se le demander tant notre « Charlie » paraît différent de ceux qui le précèdent. Charles Joseph Bonaparte descendait de Jérôme par la branche des Patterson. Entre son demi-oncle Plon-Plon et lui, par exemple, le contraste est saisissant, au point d’en être caricatural. De notre saga, il est assurément le plus puritain de tous. Comme tant d’autres au pays de l’Oncle Sam, sa ferveur religieuse guida chacun de ses pas tout au long de son existence. Ennemi du progrès, il refusa par exemple l’intrusion de l’électricité dans son foyer et préféra toujours les transports en calèche aux pérégrinations en voiture à essence. Avocat émérite, il fut surtout, on l’ignore souvent, le dernier Bonaparte à avoir exercé une responsabilité ministérielle et même le dernier à avoir changé le cours de l’histoire. Personnage méconnu, il porta sur les fonts baptismaux une administration américaine appelée à un grand avenir dans la lutte contre le crime et source inépuisable de tant de fictions télévisées, le F.B.I.
Le président américain Theodore Roosevelt n’était guère impressionnable. Soldat valeureux, véritable cow-boy, policier hors pair et même champion de judo, c’était un vrai dur. Dans son parti, le parti conservateur, il appartenait aux faucons. Sa politique étrangère pouvait se résumer en une formule : « gros bâton ». Toujours prêt à frapper si d’aventure on venait à le contrarier, Theodore Roosevelt était incontestablement un homme à poigne…