Chapitre
Il y avait incontestablement du Napoléon en lui. Le même orgueil, la même intransigeance. Opiniâtre dans la querelle, il l’était en revanche beaucoup moins dans le service de l’État. Sur le plan politique, il traversa son temps telle une étoile filante que l’on oublie vite. Celui que l’on a coutume de désigner comme le frère « rebelle » n’acceptait aucune tutelle, et surtout pas celle de Napoléon. Sa rivalité épidermique avec lui se concentra surtout sur les affaires familiales. Une lutte à couteaux tirés, sans concession, presque destructrice. Si l’enjeu était important, le mariage, il n’était probablement qu’un prétexte. Entre ces deux frères, la dispute naissait assez naturellement.
Autre point commun entre nos deux Bonaparte : tous deux épousèrent une veuve. On connaît bien Joséphine, mais beaucoup moins Alexandrine de Bleschamp. Concernant Lucien, il s’agissait d’un remariage, sa première femme, Christine Boyer, épousée en 1794, avait disparu en 1800. Dès l’annonce de ce second mariage en octobre 1803, Napoléon détesta d’emblée cette autre belle-sœur, fille d’un ancien avocat au Parlement sous l’Ancien Régime et veuve du banquier Jouberthon, qu’il jugeait indigne de la majesté impériale. Pour parfaire son système dynastique, il exigeait que son frère divorce pour ensuite épouser une princesse de sang. Depuis plusieurs années, cette affaire empoisonnait véritablement les relations de famille. À cause de cette brouille, Lucien s’était exilé à Rome et Madame Mère avait par exemple boudé le sacre à Notre-Dame…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/09/2021
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