CAIRN.INFO : Matières à réflexion

L’association du renseignement avec la diplomatie publique semble a priori relever de l’oxymore, de même que son articulation avec d’autres domaines, tels le droit, l’éthique et la coopération. Comment le renseignement, si lié aux catégories de la raison d’État, du secret, du confidentiel, voire du clandestin, si supposément antinomique de l’État démocratique moderne et du rayonnement de l’État de droit, peut-il être convoqué en soutien de la diplomatie publique, entendue comme « l’effort d’un gouvernement cherchant à influencer l’opinion publique dans un État étranger en faveur de son propre intérêt » ? Le Dictionnaire encyclopédique de l’État définit la diplomatie publique comme « l’instrument par lequel l’État, aussi bien au sens d’appareil d’État que d’État-nation […] se promeut lui-même auprès de l’opinion publique des pays étrangers ». Les deux termes paraissent même s’opposer, alors que « de manière générale, on définit le concept de diplomatie publique par opposition à celui de diplomatie secrète ». Quand le renseignement fait œuvre de diplomatie, on évoque plus souvent la diplomatie clandestine, la paradiplomatie ou la diplomatie secrète. Si l’un est ouvert, l’autre est secret. Si le secret est nécessaire à l’efficacité de la diplomatie, il est une condition d’existence des services de renseignement. S’il existe une diplomatie du renseignement dans le cadre d’accords de coopération entre services, celle-ci relève très rarement des réseaux diplomatiques. En outre, si les ambassades constituent parfois un lieu d’activités de renseignement — elles peuvent accueillir les agents de renseignement et sont la cible des services étrangers —, diplomates et espions n’agissent pas dans le même registre…

Français

Comment articuler renseignement et diplomatie publique ? Tout semble les opposer : si l’un est ouvert, l’autre est secret. Mais selon des modalités différentes, ne sont-ils pas les deux composantes des stratégies d’influence menées par les États, le premier n’étant que le miroir de la seconde ?

Benjamin Oudet
ATER en science politique, Université Paris 2 Panthéon-Assas
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Mis en ligne sur Cairn.info le 16/09/2021
https://doi.org/10.3917/scpo.leque.2021.01.0175
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