Chapitre
À elle seule, la rafle des 16 et 17 juillet 1942 incarne une traque sans pitié des Juifs par le régime de Vichy. Plusieurs milliers d’entre eux sont arrêtés par des policiers français qui agissent en dehors de toute présence des troupes allemandes. C’est un tournant dramatique : parqués plusieurs jours sans eau ni nourriture dans le Vélodrome d’Hiver, envoyés à Drancy ou dans divers camps, ils sont déportés sans retour à Auschwitz. À travers aussi bien la zone occupée que la zone libre, d’autres rafles précèdent et surtout suivent ces arrestations sans pitié qui aboutissent à la déportation de plus de 75 000 Juifs tant français que, surtout, immigrés. Mais par sa brutalité, sa visibilité extrême, l’ampleur des moyens policiers mobilisés, la violence employée, cette rafle va enfin susciter une désapprobation de l’Église et de l’opinion publique.
La paix revenue, en dehors de certaines prises de parole de quelques grands intellectuels, de divers articles dans la presse, un relatif silence se fait jour au nom de l’unité nationale retrouvée, d’un gaullisme qui refuse de prendre en héritage ces années noires censées être dépourvues de toute existence, tant leur reconnaissance entacherait l’image de la France. Le Vel d’Hiv ne devient guère un lieu de mémoire, il s’efface en tout cas de la mémoire officielle.
Ce sont les organisations juives qui, année après année, commémorent la rafle du Vel d’Hiv. Dès 1946, au mois de juillet, des milliers de Juifs se rassemblent devant le Vel d’Hiv, des discours sont prononcés, des prières récitées dans l’émotion des survivants…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.zarka.2020.01.0449
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