Chapitre
Temps des révolutions, le xixe siècle est paradoxalement accessible au public à travers les récits d’épopées napoléoniennes interrompues par les épisodes peu glorieux des monarchies censitaires au terme desquelles une éphémère république dut céder la place à la « fête impériale ». Cette forme d’écriture de l’histoire, héritière d’une idéologie du progrès promue par le Second Empire, évacue la rupture révolutionnaire. En reléguant les possibles au rang d’utopies, elle ne s’attarde guère sur la succession d’événements révolutionnaires qui révèlent pourtant des promesses inaccomplies. De ce point de vue, la seule révolution réussie aurait été une révolution industrielle qui, en inscrivant le siècle dans la modernité, imprimerait son sceau au devenir de l’histoire.
Or, rendre compte des révolutions sociopolitiques ayant jalonné le xixe siècle revient à penser des événements suspendus. Cela suppose de s’engouffrer dans des brèches dont les possibles non advenus restent à l’état latent. Car, nous le constatons ici et ailleurs, les espoirs portés par les révolutions de 1789, de 1792, de 1830, de 1848 et de 1871 resurgissent toujours et encore. Sous d’autres mots, sous d’autres formes, avec d’autres protagonistes, dans des lieux inattendus, ils renouent avec les mêmes idées de liberté, de démocratie réelle, de justice sociale et de fraternité dont nos contemporains font l’expérience renouvelée. Le présent nous le démontre avec, au dos de gilets jaunes, des chronologies griffonnées qui inscrivent explicitement l’actuel mouvement social dans le sillage de dates bien connues des vrais démocrates…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.zarka.2020.01.0424
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