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Chaque jour, je suis confronté au buzz. Normal, je suis journaliste. Depuis quinze ans. Autrement dit, je suis entré dans la carrière avant même que la chose n’existe sous sa forme actuelle. En 2005, et non il y a un siècle, on traquait le scoop, l’exclusivité, le scandale crapoteux parfois, mais jamais le buzz. D’ailleurs nous ignorions jusqu’au sens de ce mot. Aujourd’hui, la réalité de ce terme n’est pas seulement lexicale… Plus une journée ne se passe sans que je doive décider, en mon âme et conscience, d’évoquer un buzz, parce qu’il s’agit d’un buzz, ou au contraire de le taire, parce qu’il s’agit d’un buzz. C’est que le journalisme, en France, a été bouleversé par cette notion. Le terme est d’origine anglo-saxonne, mais la chose est devenue très hexagonale. Faut-il par exemple aborder les derniers propos de Christine Angot sur l’esclavage, sachant que celle-ci n’est pas historienne ? Doit-on tenir pour une « information » le fait qu’une chroniqueuse sur une radio privée soit la compagne d’un homme politique ? Est-il important de savoir qu’une vente d’appareils électroménagers dans une chaîne d’hypermarché a tourné à la foire d’empoigne ? Voici trois cas de buzz. Peut-être les avez-vous lus, à moins qu’ils ne vous aient échappé. Des pelletées de buzz s’abattent sur nous chaque jour, l’une de leurs caractéristiques est de se succéder les uns aux autres sans laisser de véritable souvenir. Mais ces trois exemples en témoignent, le phénomène est inédit. Personne ne peut dire si l’on en aurait parlé ou pas il y a quinze ans …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2022
- https://doi.org/10.3917/puf.zarka.2020.01.0139
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