Chapitre
Existe-t-il une phenomenologia perennis, comme on disait autrefois qu’il existait une philosophia perennis ? A-t-on le droit de parler de la phénoménologie au singulier ? La phénoménologie, qui se préoccupe tant de descriptions de phénomènes et de dégagement d’essences, a-t-elle elle-même une essence ? Faut-il souscrire à l’avis de Ludwig Wittgenstein, qui n’avait rien d’un phénoménologue mais qui n’en déclarait pas moins, non sans quelque aplomb, il faut bien le dire, qu’« il n’y a certes pas de phénoménologie mais il y a bien des problèmes phénoménologiques » ?
À vrai dire, il se pourrait bien que la question capitale de l’unicité de la démarche phénoménologique ne puisse être tranchée tant que l’on n’a pas répondu aux deux questions suivantes :
La méthode qu’elle revendique est-elle universelle, non pas en ce sens qu’elle serait applicable à tous les phénomènes possibles, mais au sens où elle serait à appliquer par tous ceux qui se disent phénoménologues ?
Au-delà de la lettre des textes se réclamant de la phénoménologique, au-delà de la diversité d’un corpus établi, y a-t-il lieu de parler d’un esprit phénoménologique ?
S’il existait un esprit phénoménologique, tout indique – le mot lui-même le suggère – qu’il consisterait dans l’attachement premier et primordial de la pensée philosophique non seulement à ce qui apparaît, mais aussi, et plus encore, à l’apparaître de ce qui apparaît, à l’apparaître de cet apparaître. La phénoménologie a toutefois orienté…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 31/12/2021
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