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Que la justice sociale puisse avoir pour condition première la reconnaissance mutuelle des individus est sans doute l’une des thèses centrales des théories critiques contemporaines, à l’intérieur desquelles l’œuvre de Honneth occupe en conséquence une position stratégique. En se déterminant expressément comme sociale, la justice se cherche un fondement que seule une élaboration du concept de reconnaissance est susceptible d’établir – pour autant que sa source dans l’idéalisme allemand, consciemment réactivée, en dévoile la structure de réciprocité. Or dans cette élaboration philosophique du concept, un attracteur puissant agit à l’arrière-plan, qui mérite d’être interrogé pour lui-même : l’identification. Concept second en quelque sorte, affleurant avec plus ou moins d’insistance dans les débats contemporains sur la reconnaissance, il fait l’objet d’usages très différents selon les contextes intellectuels et les dispositifs théoriques. Sa signification oscille considérablement, puisqu’il est parfois pris dans le cadre d’une étiologie des formes d’intégration jugées pathogènes et parfois, à l’opposé, comme le ressort d’un rapport intersubjectif originaire – au niveau par exemple de ce que Honneth appelle la reconnaissance « existentielle », dont la critique s’efforce de qualifier la dénaturation, de repérer le dévoiement ou l’opacification dans les sociétés néolibérales. L’oscillation du concept s’inscrit donc dans la polarité du normal et du pathologique, suivant la façon dont le phénomène est connoté et caractérisé…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 05/04/2017
- https://doi.org/10.3917/puf.chri.2013.01.0149
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