Chapitre
La ville, la fête, la manufacture, l’armée sont des lieux sociaux, plutôt que géographiques, des milieux humains, des institutions. La façon dont l’enfant s’y insère, s’y meut, s’y adapte, ou non, permet de confronter le vécu quotidien des enfants avec les objectifs officiellement proclamés ; elle donne quelques moyens de tester l’application des grands principes. Ce qui peut surprendre, ce sont les dissonances, les cacophonies, les contradictions : en somme un pénible décalage entre les intentions et les réalisations.
Au cours des fêtes, l’intention pédagogique est aveuglante : la scénographie proclame que l’enfant, quelle que soit sa naissance, quelle que soit sa famille, vaut désormais par lui-même parce qu’il représente l’avenir de la Nation. Mais en même temps on y découvre la distance entre l’individu et le citoyen. L’individu n’est « libre » qu’à la place qu’on lui assigne et au service de la collectivité. On peut alors comprendre pourquoi l’enfant sera aussi traité comme un être sans importance, un objet exploitable.
Pour mieux saisir cette ambiguïté, il faut faire un détour par l’hospice, secteur de l’espace public qui n’est pris en compte dans aucune communication. A travers le cas exemplaire des enfants assistés, on mesure l’effort accompli pour appliquer les grands principes, et on observe aussi leur lente dérive.
La Convention qui a proclamé le droit à l’assistance considère la prise en charge des enfants sans parents comme relevant de la Dette nationale ; elle règle les modalités de cette Prise en charge par les décrets du 19 mars et du 28 juin 1793. Elle modifie symboliquement la désignation des enfants assistés…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2017
- https://doi.org/10.3917/plon.levym.1989.01.0079
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