Avec la Révolution, l’enfant est poussé sur le devant de la scène. Il est partout. Il participe à la plantation de l’Arbre de la liberté ; il forme les gros bataillons des fêtes et cérémonies commémoratives ; il joue son rôle, un rôle modeste, à sa mesure, lorsque la patrie est en danger, en préparant la charpie pour les blessés... Cette présence constante de l’enfant, dont témoigne d’ailleurs davantage l’iconographie que le texte, ne surprend pas. Au cours du siècle, la population n’a cessé de s’accroître et la structure démographique de la France est alors celle d’un pays jeune, d’un pays grouillant d’enfants .
Ce fait, massif, pose pourtant un certain nombre de questions : la Révolution a-t-elle modifié le comportement démographique des Français ? Comment se fait-il que dès les deux premières décennies du XIXe siècle, la France ait commencé à se distinguer des pays voisins, frayant en cela la voie aux comportements contemporains ? Impossible de répondre pleinement à de telles interrogations. Car une chose paraît sûre : l’étude statistique ne montre pas de bouleversement spectaculaire du régime démographique ; elle enregistre tout au plus certains glissements.
On sait combien tout ce qui touche aux ressorts de la vie, tout ce qui fait le fondement même d’une société, évolue lentement, souterrainement, avant de s’imposer au grand jour. La « manière d’être au monde », à l’évidence, a changé progressivement en Europe occidentale entre le début du XVIIIe et le début du XI…