Présenter la famille en France à la fin de l’Ancien Régime est une tâche qui justifierait un livre à elle seule. Ne conviendrait-il pas, en effet, d’évoquer la formation du couple et le mariage, sacrement de l’Église et contrat civil ; les fonctions économiques de la famille, unité de consommation et, très souvent, de production, lieu de conservation et de transmission d’un patrimoine ; sa fonction de reproduction biologique qui la justifie aux yeux de l’Église pour qui la procréation est la fin première et principale du mariage ; le rôle respectif du mari et de la femme, la place de l’enfant, les rapports entre parents et enfants ? Et cette liste ne serait évidemment pas limitative. Les aspects démographiques du sujet, à savoir, les structures familiales et la typologie des ménages, la fécondité légitime et la mortalité des enfants, enfin les débuts de la limitation volontaire des naissances sont également des éléments de première importance. Le tome II de l’Histoire de la population française, publiée sous la direction de Jacques Dupâquier, fournit sur toutes ces questions les données les plus sûres et les plus récentes.
Les structures familiales en France au XVIIIe siècle sont à la fois simples et complexes. Simples, si l’on s’en tient aux instantanés que fournissent à des dates précises les recensements, avec listes nominatives, d’une ville ou d’une paroisse rurale. Ces instantanés nous disent d’abord le primat de la famille conjugale ou nucléaire, regroupant père, mère et enfants, dans la majeure partie de la France…