Chapitre
Imaginons trois enfants dans une classe primaire qui manifestent tous trois une grande irritabilité. Le premier a changé d’école en cours d’année, il est arrivé il y a trois semaines dans sa nouvelle classe. Depuis que les parents du deuxième ont divorcé, il y a de cela trois mois, l’enfant se plaint de maux de ventre répétés, dit qu’il n’a « envie de rien », ne veut plus inviter de copains à la maison et, plusieurs fois par semaine, mouille son lit. Le troisième vient d’avoir une petite sœur. À la suite de l’accouchement de sa mère, il s’est montré, pendant trois semaines, très agité et opposant, puis s’est spontanément calmé.
Chez le premier enfant, ce comportement s’explique fort bien par un changement récent de mode de vie. Chez le deuxième, son irritabilité associée à d’autres symptômes témoigne d’une souffrance psychique qui doit être mise en mots, entendue, et soignée – car tout indique qu’on est en présence d’une humeur dépressive. L’agitation temporaire du troisième s’explique par l’arrivée très récente d’un nouveau bébé. Pourtant, il se peut que, parce qu’ils présentent la même irritabilité, ces trois enfants soient suspectés d’être dépressifs.
Il y a vingt ans, l’existence de troubles dépressifs chez l’enfant était totalement déniée par une partie du milieu médical. Hors du cercle des pédopsychiatres formés à la psychanalyse, nombreux étaient les médecins généralistes qui, en présence d’un jeune enfant présentant des troubles du sommeil chroniques, une énurésie, ou se plaignant de maux de ventre répétés, n’auraient jamais pensé qu’il puisse s’agir d’un syndrome dépressif et privilégiaient l’hypothèse organique…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/05/2019
- https://doi.org/10.3917/sh.bedin.2015.01.0114
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