Chapitre
Le 24 novembre 2005, le garde des Sceaux Pascal Clément ouvrait une enquête sur sept groupes de rap accusés de légitimer « l’incivilité, au pire le terrorisme » chez des « jeunes déracinés, déculturés ». Cette décision fut prise dans le sillage d’une pétition lancée par le député gaulliste François Grosdidier et signée par près du quart de l’Assemblée nationale, pétition qui faisait suite à trois semaines de violentes confrontations entre jeunes habitants des cités ou quartiers populaires et forces de police, au cours desquelles furent brûlées près de dix mille voitures et arrêtés quelque quatre mille huit cents jeunes dans deux cent quatre-vingts municipalités à travers le pays. Les rappeurs cités dans cette pétition constituaient un ensemble hétéroclite d’artistes radicaux et multiraciaux, dont les textes fielleux avaient été collectés par M. Grosdidier et son fils sur Internet, de façon somme toute aléatoire. S’y côtoyaient des artistes connus du grand public (Monsieur R et le 113), d’autres moins connus (à l’instar de Smala ou Salif), et quelques-uns qui n’avaient rien produit depuis plus de dix ans, à l’image de Fabe, Lunatic ou le Ministère AMER (acronyme d’Action, Musique Et Rap). À en croire M. Grosdidier, pourtant, ce qui unissait cet ensemble était le « racisme anti-Blanc » et la « haine de la France ».
Même si la pétition en question illustrait avant tout la volonté de trouver des boucs émissaires pour leur imputer la flambée de violence dans les banlieues (au même titre que la stigmatisation de la polygamie chez les immigrés), force est de reconnaître que les procès intentés contre des rappeurs français n’ont rien de vraiment nouveau en soi…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/06/2016
- https://doi.org/10.3917/kart.cohen.2012.01.0095
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