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Depuis 1945, la Grande-Bretagne a subi trois vagues principales de violences urbaines. Les premières éclatèrent à Nottingham et surtout à Notting Hill (ouest de Londres) de façon étonnamment concomitante, dans la nuit du 23 au 24 août 1958, avant de culminer le 30 août à Notting Hill et dans les quartiers adjacents. Les deuxièmes eurent lieu en 1980-1981 et furent beaucoup plus brutales : si plusieurs douzaines de villes anglaises furent affectées, on retiendra surtout que Brixton (sud de Londres), Toxteth (Liverpool, connue localement sous le nom de « Liverpool 8 ») et Moss Side (Manchester) furent le théâtre d’intenses affrontements entre les forces de police et la population locale. La dernière série de violences urbaines toucha en 2001 trois villes du nord de l’Angleterre, Oldham (26 mai), Burnley (23 juin) et surtout Bradford (7 juillet), ces dernières se révélant, avec celles de Brixton, les plus graves enregistrées en Grande-Bretagne depuis 1945.
Nous analyserons ici la racialisation de ces émeutes, notamment dans le discours politique et médiatique. J’entends par « racialisation » une lecture monovalente et déterministe d’événements complexes où l’on fait peser la responsabilité des violences urbaines sur les seules minorités ethniques, jugées coupables de ne pas s’intégrer ou de ne pas s’assimiler (les deux étant synonymes pour une grande partie de l’opinion publique), d’avoir un style de vie « différent », voire d’être simplement « déviantes ». Cette lecture est commode puisque, comme le note Romain Garbaye, « les émeutes marquent une crise de la légitimité politique en mettant en relief l’échec des institutions »…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/06/2016
- https://doi.org/10.3917/kart.cohen.2012.01.0119
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