La notion de diversité a connu ces dernières années en France une diffusion importante et une popularité croissante. Que ce soit dans les champs des médias, du politique, de l’emploi ou de l’éducation, la « promotion de la diversité » s’est imposée comme un maître mot et une injonction – consensuelle – pour aborder des problématiques dont la société française éprouve de longue date des difficultés à se saisir, comme la question minoritaire, l’ethnicité, les processus de ségrégation et de discrimination ethnoraciale. En peu de temps, l’expression « issu(e) de la diversité » est devenue un euphémisme courant pour désigner le caractère multiculturel et multiracial de la société française, se substituant à l’expression longtemps usitée, quoique fort critiquée pour son caractère essentialisant et stigmatisant, d’« issu(e) de l’immigration ». Cette émergence et diffusion du thème de la diversité en France au début des années 2000 a été étroitement corrélée à la mise en œuvre et à l’institutionnalisation, depuis la fin des années 1990, d’un cadre public antidiscriminatoire visant à combattre toute forme de discrimination, et notamment les discriminations fondées sur les critères d’ethnicité et de « race ». Ce texte propose d’interroger les réalisations auxquelles ce nouvel idéal de la « diversité » a conduit depuis, dans sa double articulation à une politique de lutte contre les discriminations, d’une part, et à une démarche de reconnaissance, d’autre part, du caractère pluriethnique et multiculturel de la société française…