Chapitre
Avec l’Affaire, « c’est la société française tout entière qui nous livre alors ses goûts, ses fantasmes, ses passions : un incident dévoile l’impossibilité du consensus national, les contradictions de la tradition patriotique, les vœux de la France du silence comme de celle qui s’agite et milite » écrivait en 1975 Madeleine Rebérioux, qui y voyait engagé « l’avenir politique de la République
». Elle-même incarna ce lien entre l’Affaire, la recherche de la justice, la politique et la république. Ce fut par dreyfusisme qu’elle s’était passionnée pour Jaurès , son monde et son époque. Pierre Vidal-Naquet aimait à relater comment, dans le cadre du Comité Maurice Audin que tous deux animaient, le parallèle entre Maurice Audin et Alfred Dreyfus s’était imposé et les avait réunis, lui qui, comme son épouse Geneviève, avait consacré son diplôme d’études supérieures à Jaurès, et Madeleine qui avait voulu en quelque sorte étudier Jaurès afin de comprendre Guy Mollet
.
Ce ne fut pas simple commodité chronologique si l’Affaire fut souvent placée comme moment fondateur de la politique française du XXe siècle. Charles Péguy l’avait dit très tôt, et ce choix fut si fréquemment ratifié par les chercheurs et historiens qu’il pourrait paraître banal aujourd’hui : citons, un peu au hasard, Madeleine Rebérioux dans La République radicale
, Jacques Julliard et Michel Winock dans le Dictionnaire des intellectuels français
, Vincent Duclert lui-même dans l’Histoire des gauches en France
…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/01/2016
- https://doi.org/10.3917/arco.ducle.2009.01.0074
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