Chapitre
S’interroger sur la question de l’armée et de l’affaire Dreyfus exige de définir au préalable cette institution centrale et complexe de la France de la IIIe République. L’énonciation de ses caractères originaux permet de comprendre pourquoi l’affaire Dreyfus fut, pour l’armée, un événement insurmontable dont les conséquences marquèrent très durablement l’institution et les mentalités militaires.
Si la mission des « armées » n’avait pas changé au cours du XIXe siècle
, faire la guerre, la nature des guerres avait, elle, beaucoup changé et cela principalement depuis la Révolution française. De guerres principalement « dynastiques », on était passé progressivement aux guerres principalement « nationales ». La « guerre dynastique » se faisait avec des armées peu nombreuses, composées de professionnels, de soldats de métier, alors que la « guerre nationale » exigeait des armées nombreuses composées de l’ensemble des citoyens appelés au service de leur patrie. Ces armées ne pouvaient être fournies que par le service militaire obligatoire doublé par des « obligations militaires » de longue durée en cas de guerre. Il est d’ailleurs assez curieux que la première armée à vraiment répondre à ces principes avait été celle d’une monarchie, l’armée prussienne fondée sur un service militaire obligatoire de type moderne ; le service militaire existait certes aussi en France, mais avec un large système de remplacement et surtout pas d’organisation des réserves. Cette armée issue du service militaire ressemblait en fait à une armée de métie…
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Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/01/2016
- https://doi.org/10.3917/arco.ducle.2009.01.0083
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